Qu'il s'agisse d'une adoration platonique non déclarée pour un ancien camarade de classe ou d'une idylle amoureuse à laquelle les aléas de la vie, les parents, une dépendance ou la distance ont mis un terme, 10 ou 20 ans plus tard, cet amour de jeunesse envahit toujours notre espace mental. La mentore amoureuse et auteure du livreAutodiagnostic amoureux, Bénédicte Ann, fait le point sur ces fantômes d'amour qui nous hantent.
Pourquoi tant de gens chérissent-ils un fantôme d'amour en secret?
En formant un couple avec son fantôme, on s'évite des désillusions. Chérir en silence un être du passé nous nourrit. On en tire deux avantages: on biberonne à la demande un lait délicieux (le souvenir) et on se protège d'un éventuel rejet. On peut même vivre avec un partenaire, être marié, avoir des enfants et se réfugier mentalement dans cette relation fictive. S'endormir en se disant que quelqu'un, quelque part, nous est destiné, c'est réconfortant. Avoir un fantôme qui nous comble nous permet de tolérer une personne qui ne nous satisfait pas.
Est-on toujours conscient de vivre avec un tel fantôme?
Non. C'est souvent en effectuant le bilan, en analysant son CV sentimental, qu'on fait apparaître son fantôme. On comptabilise tous les partenaires importants de sa vie et on réalise qu'il y en a un ou une qui est mythique. Quand on dit avoir fait le deuil de son passé, de qui parle-t-on exactement? De son ex-conjoint, du père de ses enfants ou de l'être qui nous a brisé le cœur alors qu'on était jeune adulte?