lundi 16 juillet 2012

Comment aider mon fils à faire face au racisme ?

La réponse de Claude Halmos  
Bien sûr, je pourrais vous dire que cet enfant répétait sans doute ce que disent ses parents. Qu’à ce titre, il eût été bon de lui expliquer qu’il confondait Chine et Viêt Nam. De lui proposer de regarder une carte. De lui demander ce que voulait dire pour lui « Chinois ». Et pourquoi il les pensait « sales », etc. Mais tout cela est faisable « à froid ». Par exemple, quand on est enseignant dans une classe. Pas « à chaud » et en pleine douleur.
Ce qui est important, c’est d’armer votre fils par rapport à ces agressions. En lui expliquant ce qu’est le racisme, son sens, ses causes historiques et politiques, etc. Mais aussi en l’aidant à prendre conscience de sa valeur. Et cela passe par lui permettre d’être fier de ses origines. Il faut lui expliquer l’histoire du Viêt Nam, sa géographie, sa langue, sa culture, sa richesse.
Cela l’aidera à comprendre que le racisme est aussi le fruit de l’ignorance. C’est-à-dire le fait de gens qui, parce qu’ils ne connaissent pas le monde, s’imaginent que le réverbère du coin de la rue vaut mieux que tous les chefs-d’œuvre de l’humanité.

Ce que les contes nous racontent

Le saviez-vous ? La première trace écrite de Cendrillon et ses sœurs jalouses apparaît dans un manuscrit chinois vieux de trois mille ans. Pourquoi des histoires, si anciennes qu’on pourrait les croire désuètes, inadaptées à notre époque, nous parlent-elles encore autant ? Parce qu’elles reflètent nos structures psychiques fondamentales. Sous forme d’images symboliques, elles traduisent les problèmes auxquels nous sommes confrontés dès l’enfance, et qui touchent à la fois aux relations dans la famille (rivalité fraternelle, inceste…) et aux problèmes personnels (renoncement aux dépendances de l’enfance, affirmation de la personnalité, prise de conscience de ses propres valeurs, dépassement du conflit œdipien…). Bien loin de l’esprit d’une simple "littérature enfantine", ces contes, en mettant en scène des fantasmes, apportent, à leur manière, des solutions à ces problèmes. Voilà pourquoi, en s’adressant directement au moi naissant de l’enfant, ils jouent un rôle important dans la construction de la personnalité.
C’est parce qu’ils ont adressé des messages non seulement à notre conscient, mais aussi à notre inconscient, que Blanche-Neige, les trois petits cochons et le petit Poucet nous ont aidés à intégrer la signification du bien et du mal, à stimuler notre imagination, à développer notre intelligence, et surtout à y voir plus clair dans nos émotions.
La richesse du contenu symbolique des contes est telle qu’ils se prêtent naturellement à l’analyse et à l’interprétation. Les psychanalystes freudiens montreront quelle sorte de matériel inconscient, refoulé, est sous-jacent dans chacune de ces histoires. Pour eux, Jack qui fait pousser un haricot magique, monte sur sa tige et tue un géant pour s’emparer de son trésor, représente l’affirmation phallique de l’adolescent, qui « tue son père » pour imposer sa propre virilité. Les psychanalystes jungiens y verront plutôt un récit initiatique, l’image de notre besoin d’accéder aux degrés supérieurs de notre conscience. Pourtant, l’un n’exclut pas l’autre ! Preuve en est : tout comme dans ces innombrables histoires où le jeune héros se montre plus malin que le géant, Jack montre aux enfants qu’en se servant de son intelligence et de son esprit pratique, il est possible de se sortir des difficultés de la vie. Tout simplement.
L’universalité et la profondeur symbolique des contes de fées leur permettent d’être lus, relus, racontés maintes et maintes fois, à n’importe quel âge. C’est la raison pour laquelle ils sont de plus en plus utilisés en psychothérapie et en développement personnel : les ateliers de contes se multiplient, proposant diverses approches pour réveiller notre "enfant intérieur", développer les richesses de notre imaginaire et nous aider à nous transformer.

Comprendre nos parts mythiques

Deux siècles après la naissance du conteur danois Hans Christian Andersen, certains contes sont utilisés en développement personnel. Ces méthodes utilisent trois personnages clés, présents dans les mythes du monde entier. 
Le roi représente notre désir d’évolution, notre faculté de discernement.
Le héros incarne l’action, la mise en œuvre du changement.
La fée est notre part de magie, d’inconscient. Elle découvre les opportunités et provoque les situations propices au changement. 
Une aide précieuse pour mettre une image sur nos blocages.

Blanche-Neige des frères Grimm

Les difficultés de la puberté
La princesse Blanche-Neige, jalousée par sa belle-mère parce qu’elle est « mille fois plus belle » qu’elle, est envoyée dans le bois pour y être tuée. Epargnée, elle se réfugie dans la maisonnette des sept nains. La belle-mère la retrouve et, déguisée en sorcière, l’empoisonne. Elle reviendra à la vie grâce au baiser d’un prince.
Peu de contes réussissent à nous faire comprendre les grandes phases du développement de l’enfant – notamment la période pubertaire chez les filles – aussi bien que Blanche-Neige. Au début de l’histoire, une reine qui, plus tard, mourra en donnant naissance à Blanche-Neige, se pique le doigt. Trois gouttes de sang tombent dans la neige : l’innocence, la blancheur contrastent ainsi avec la sexualité, la couleur rouge.

Peau d'Ane de Perrault

L’interdit de l’inceste
Un jour, un roi riche et puissant perd sa femme bien-aimée. En quête d’une nouvelle épouse, il tombe amoureux de sa propre fille. Demandée en mariage, la princesse, conseillée par sa marraine la fée, exigera des cadeaux insensés, puis s’enfuira du palais, revêtue d’une peau d’âne. Elle vivra pauvrement, loin du royaume, avant de rencontrer un jeune prince.
Ce conte de fées fut longtemps passé sous silence, et parfois même censuré parce qu’il aborde de front le tabou des tabous : l’inceste. A partir d’une situation extravagante – un père qui abuse de son autorité pour demander sa fille en mariage –, l’interdit de l’inceste est clairement expliqué par la fée qui, à la mort de la reine, remplit sa fonction de marraine en prenant le relais de l’éducation de la jeune fille. Celle-ci donne l’exemple à tous les enfants : elle parvient à se soustraire au pressant désir paternel en renonçant à une vie facile. Elle en sera finalement récompensée. 
Symboliquement, dans les contes, revêtir la peau d’un animal permet au héros de ne pas perdre son âme…

Cendrillon de Perrault

La rivalité fraternelle
Devenu veuf, un homme riche se remarie avec une femme déjà mère de deux filles, aussi méchantes l’une que l’autre. Elles s’acharnent sur Cendrillon, jusqu’au jour où, lors d’un bal, le fils du roi tombe amoureux d’elle. Parmi les centaines de versions, dont celle des frères Grimm, celle de Perrault, avec sa fameuse pantoufle de verre, est la plus répandue.
Toute l’histoire est construite autour des angoisses et des espoirs qui forment l’essentiel de la rivalité fraternelle : avilie, Cendrillon est sacrifiée par sa belle-mère au profit de ses demi-sœurs. La rivalité entre femmes est ici à son comble – même si le fait qu’il s’agisse de demi-sœurs rend plus acceptables les humiliations subies par l’héroïne.
Tout au long du conte, les émotions de la jeune fille traduisent exactement ce que ressent un enfant en proie aux affres d’une rivalité pourtant « naturelle » et universelle. Si la situation de Cendrillon semble être poussée à l’extrême – elle est l’inférieure, la souillon –, elle correspond aux émotions de tout enfant dans une fratrie, et à ses sentiments envers ses parents. D’après l’auteur de la Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim, vivre la belle-mère comme une figure terrifiante permet à l’enfant de faire face à ses fantasmes inconscients de haine et de dégoût envers ses propres parents, sans se sentir coupable.

Le petit chaperon rouge de Perrault

La tentation sexuelle
La plus jolie fille du village est envoyée par sa mère chez sa mère-grand. En traversant la forêt, elle rencontre le loup. Arrivée chez son aïeule, entre-temps mangée par l’animal, le Petit Chaperon rejoint celui-ci dans le lit. Ce conte est connu sous une trentaine de versions en France. Celle de Perrault, qui date de 1697, se termine par : « Et en disant ces mots, ce méchant loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge et la mangea. » Parmi les contes, le célébrissime Chaperon rouge est le plus sexuellement explicite. La couleur rouge symbolise les émotions violentes liées à la sexualité. Il est évident que le loup n’est pas un animal carnassier, mais une métaphore criante du mâle : quand la jeune fille se déshabille et le rejoint dans le lit, et que la bête lui dit que ses grands bras sont faits pour mieux l’embrasser, peu de place est laissée à l’imagination. Le loup et le chasseur sont deux figures masculines antagonistes que la jeune fille doit apprendre à reconnaître : le premier est séducteur et meurtrier, le second est bienveillant et sauveur.
Ce conte est une mise en garde très claire, dont la morale a même été ajoutée en quelques lignes par Perrault : « Les jeunes filles, belles, bien faites et gentilles, font très mal d’écouter toutes sortes de gens. »

Mère-fille : un cordon difficile à couper

Une mère qui menace de déshériter sa fille (« Elle n’en veut qu’à mon argent »), une fille qui veut placer sa mère sous tutelle (« Je ne veux que la protéger »), et des échanges par médias et avocats interposés qui ont tenu en haleine la France entière. Ce qui est certain dans « l’affaire Bettencourt », c’est que la relation mère-fille, exposée au grand jour, a autant fasciné les Français que les multiples rebondissements politico-économiques qu’elle a suscités. « Ni avec toi, ni sans toi » pourrait être la devise de ce duo qui ne parvient ni à rompre ni à se réconcilier. Nul doute que cette relation filiale aussi compliquée que passionnelle a résonné de manière singulière chez plus d’une mère et plus d’une fille…
Laure-Anne, 34 ans, considère sa mère comme sa meilleure amie. Fille unique et mère de deux enfants de 3 et 6 ans, elle récuse vigoureusement les critiques de son mari, qui la trouve dépendante de sa mère. « Nous nous appelons tous les jours, nous faisons des courses ensemble, nous déjeunons une fois par semaine ensemble. En résumé, nous nous voyons autant que deux amies. Elle n’interfère pas dans ma vie intime, mais elle est très attentive à mon bonheur et à mon bien-être », précise la jeune femme. Avant de reconnaître que ce souci a conduit plusieurs fois sa mère à mettre en doute son choix de vivre à plus d’une heure de son lieu de travail. Ce qui a généré quelques discussions houleuses entre Laure-Anne et son conjoint.

Une complicité qui peut faire illusion

Où finit la complicité, où commence la fusion ? Il n’est pas toujours facile de faire la distinction. « Surtout depuis les années 1970, avec l’apparition de la mère-copine, constate la psychanalyste et psychologue Malvine Zalcberg. Ces comportements de grande complicité, qui réduisent la distance entre l’une et l’autre, peuvent faire écran et dissimuler des cordons mal coupés ou des relations fusionnelles. » Coups de téléphone quotidiens, demandes régulières de conseils, récits détaillés de sa vie de couple ou de sa vie de famille, telles sont quelques-unes des manifestations modernes des relations étroites entre mères et filles. Mais il en existe d’autres, encore plus trompeuses, qui s’expriment dans les conflits récurrents, les longs silences ou les apparentes prises de distance. « La dépendance n’est pas forcément affichée ou matérialisée, détaille Isabel Korolitski, psychanalyste. On peut aussi avoir incorporé sa mère, au point de ne plus avoir besoin d’être en lien réel avec elle. »

Les racines de la dépendance

Voir avec les yeux de sa mère, imiter ses choix de vie ou son apparence, rechercher sa validation ou sa reconnaissance, satisfaire ses désirs… La fusion est polymorphe, elle dépend de l’histoire de chacune et de la dynamique familiale. On sait que, classiquement, les femmes très angoissées, infantiles, malheureuses en couple ou qui ont été maltraitées ou mal aimées par leur mère font facilement des mères fusionnelles. Leur fille devient alors un substitut, un pansement, un double ou… un souffre-douleur.
Selon Malvine Zalcberg, la relation de dépendance est aussi, de la part d’une fille, une « demande d’éclairage sur son être et son devenir féminins ». Mais les mères fusionnelles ne peuvent y répondre, car elles non plus ne sont pas libérées de leur propre emprise maternelle. « De la féminité elles n’ont exploré que le versant de la maternité, pas celui de l’érotisme, du désir amoureux pour un tiers qui viendrait mettre fin à l’exclusivité de la relation duelle, poursuit la psychanalyste et psychologue. Elles ne peuvent donc pas transmettre à leur fille une expérience complète de la féminité. Le voile sur ce mystère ne pourrait être levé que si la mère désirait son partenaire et voulait être désirée de lui. » Alors, la petite fille ne serait plus prisonnière de sa mère et pourrait, plus tard, à son tour, désirer et être désirée, hors de la matrice.
Les cabinets de psychanalystes bruissent à longueur de journée de récits où les mères, à coups de chantage, de culpabilisation ou de séduction, sabotent, dans la violence ou la douceur, les velléités de liberté de leurs filles. Zohra, 38 ans, s’interdit de partir loin de Paris depuis quatre ans. « Ma mère est cardiaque ; mon père est très passif, il ne prend aucune initiative ; quant à mon frère et à mes soeurs, ils ont eu l’habitude de se reposer sur moi, la grande soeur avocate qui a réussi et qui a une baguette magique pour résoudre tous les problèmes ! Mais le plus dur est d’entendre ma mère me répéter depuis des années : “Sans toi, je ne serais plus là.” » Trop fine pour ne pas percevoir le chantage, et trop culpabilisée pour y résister, Zohra serre les dents et « fait au mieux, pour ne pas y laisser trop de plumes ».

Une liberté à prendre, et non à recevoir

Selon la psychanalyste, on peut s’en éloigner si l’on accepte que l’on ne sera jamais complètement séparées et que l’on comprenne aussi que ce n’est pas à la mère de donner la liberté, mais à sa fille de la prendre. « Ce qui suppose de pouvoir renoncer à certains fantasmes, dont l’immortalité (si je reste la petite enfant de ma mère, je ne meurs jamais), à assumer l’ambivalence des sentiments (haine et amour sont intriqués) et à prendre sa place dans une lignée générationnelle. » En n’oubliant pas que l’on ne coupe pas le cordon du jour au lendemain, comme ces adolescents qui claquent la porte au prétexte « qu’ils n’en peuvent plus ». « Il est nécessaire que soient démêlés ces fils délicats tissés depuis l’enfance et qui déterminent le rôle primordial de la mère sur le destin de sa fille », souligne Malvine Zalcberg. Elle rappelle également que « le fameux cordon qui relie l’une à l’autre recouvre plusieurs aspects et dimensions de leur relation, il n’est pas un fait unique, isolé, que l’on trancherait d’un grand coup de ciseaux pour se libérer ».
Mais comment savoir si l’on s’est détachée ? « On se sent moins tiraillée, moins douloureusement travaillée par les conflits intérieurs, répond Isabel Korolitski. On peut se rapprocher et s’éloigner de sa mère sans pression ni culpabilité, comme on accepte sereinement nos ressemblances et nos différences. » En résumé, on pourrait dire que l’on se sent (enfin ?) reliée, mais pas ligotée.

Une sexualité confisquée

Ne pas avoir coupé le cordon n’est pas sans conséquences sur l’intimité et la sexualité, observe Catherine Blanc, psychanalyste, sexologue et auteure de La sexualité des femmes n’est pas celle des magazines (Pocket, “Évolution”, 2009) : « La fille reste à la place de la petite fille pour faire jouir sa mère de sa position de mère. » Nul ne peut interférer dans leur relation : la fille ayant trop peur de perdre l’amour maternel, la mère ne pouvant se priver de son principal, voire seul pilier narcissique. « La sexualité de ces femmes-filles est souvent mécanique, non inscrite dans la réalité du corps et des émotions. Elles sont trop fidèles à leur mère pour aimer autrement que sur un plan imaginaire. » Ainsi, la sexologue reçoit des femmes qui consultent pour frigidité, qui sont restées vierges ou qui sentent que quelque chose en elles n’arrive pas à s’épanouir. « La sexualité nous éloigne de nos parents. Ces femmes s’interdisent de la vivre ou la vivent dans la douleur pour ne pas se séparer. Tout le travail consiste à les aider pour qu’elles puissent se donner le droit d’aimer et de désirer comme des femmes adultes. »

Lettre à mon père

Enfant, c’est l’amour fou ou l’amour tendre. En tout cas l’amour. L’adolescence arrive, et souvent c’est le rejet, les reproches, le mépris plus ou moins affiché. « S’opposer à son père est un phénomène banal, car inévitable pour se construire, explique le pédopsychiatreMarcel Rufo. C’est une étape dans le processus de filiation. » Et après ? Dans certains cas, l’opposition demeurera, parce que fondée sur des faits tangibles : une violence, des abus qui ne pourront être pardonnés. Mais, généralement, le regard porté sur le père s’adoucit. C’est, selon le pédopsychiatre, le destin du processus de filiation : celui-ci « n’est abouti que lorsque l’on parvient à accepter les défauts de son père ; quand on finit par assumer ses travers, on devient son fi ls ou sa fi lle ». Mais quand, alors ? « Ce travail se poursuit au-delà de sa mort ; il est même rendu plus aisé dans ces conditions. »
Les textes qui suivent en sont témoins : les trois écrivains qui ont rédigé ces lettres sont orphelins de père. Chez les autres, « la pudeur empêche les déclarations d’amour, poursuit Marcel Rufo. Et tant mieux ! Il n’y a pas lieu de s’épancher dans des déclarations : cette relation n’est pas là pour ça ». Le pédopsychiatre va jusqu’à affirmer que, d’après sa clinique, « ce qui fait le plus de ravages chez les jeunes, c’est le père séducteur », celui qui cherche à être aimé – et, si possible, à se l’entendre dire. Et puis, à quoi bon les mots ? « Dans une relation épanouie entre une fille ou un fils et son père, les gestes, les regards, les attentions en disent assez long sur l’amour qu’ils se portent. » Tout le reste serait littérature.

Cher papa... par Colombe Schneck

Cher papa,

Cher papa... par Clémence Boulouque

Cher papa,
J’aime l’idée que tu aies eu raison et que je comprenne, à mesure, seule, combien et pourquoi. Comme un film désynchronisé, j’entends souvent ta voix qui flotte sur les images de ma mémoire. Il n’est rien de plus important que la présomption d’innocence, me disais-tu. Tu confiais parfois des pensées à voix haute, comme si tu pensais que je comprenais. Ou comme si tu étais conscient de devoir distiller des leçons au plus vite, car tes jours étaient comptés. Vingt et un ans que tu es parti*. Parce que tu es mort, en apparence, de ton plein gré, dans ta pleine jeunesse, un soupçon pèse sur moi et sur tant de nous qui partageons des passés fendus de douleurs magistrales. Comme si les failles étaient des gouffres où moi et mes frères et sœurs orphelins serions forcément engloutis. La résilience qu’évoque Boris Cyrulnik m’a servi d’armure, de caution intellectuelle, de preuve : aimer la vie, en faire une perpétuelle découverte, œuvrer sans répit pour mettre ses déceptions échec et mat n’est pas un mensonge auquel on finit par croire mais un mode d’être. Avoir connu l’âpreté des larmes vous invite à les tenir à distance. Mais l’obstination qu’ont certains à entendre des larmes dans les rires, à vous assigner à votre passé, et uniquement à sa tristesse, me frappe encore trop souvent. Celui qui juge se rassure, évidemment. Des verdicts hâtifs sont les havres de ceux que la douleur effraie. Ne savent-ils pas qu’il faut la regarder en face pour s’en libérer ? Je ne suis pas, nous ne sommes pas réductibles ou assignés au malheur qui nous a frappés. Ce serait, sinon, une double peine. Personne ne devrait payer, en petites coupures, ses blessures dans le regard des autres. Imaginer et souhaiter de toute force une âme sereine en l’autre, pour l’autre et aussi pour soi : j’ai envie de croire que c’était aussi cela cette présomption d’innocence que tu m’invitais à ne jamais oublier. J’aime que tu aies eu raison, oui, et que résonnent en moi des bribes que je tente d’éclaircir, qui disent combien ton absence n’est qu’un chapitre, une modulation de ta présence. Et que, chaque jour, chaque joie, nous en soient témoins.

Cher papa... par Yves Simon

Cher papa,
Tu avais raison d’être celui que tu étais. Tu ne fus pas le voyageur que j’aurais adoré imaginer, ce qui t’aurait permis de nous écrire à maman et à moi, puisque jamais tu ne quittas les Vosges, où nous vivions. Tu ne connus ni la mer ni l’océan, et nous, jamais ton écriture au dos d’une carte postale de mimosas. Pourtant tu possédais un laissez-passer permanent qui te donnait le droit de circuler gratuitement sur tout le réseau des chemins de fer de France : tu étais cheminot à la SNCF, « La Compagnie » comme tu l’appelais, comme si ce fut une multinationale anonyme. Sache qu’aujourd’hui, en contradiction avec le titre que je t’ai choisi [Un homme ordinaire, ndlr], on me dit de toute part : « Il fut extraordinaire ce père à qui tu ne ressemblais pas, mais qui fut ta matrice afin que tu deviennes ce que tu es devenu. » Oui, tu m’as aimé au-delà de tout, tu as confectionné jour après jour, caresse après caresse, baiser après baiser, cette paroi de soie amoureuse, invisible, qui me protégea ma vie entière contre les médiocrités et les virus de l’existence qui anéantissent ceux qui n’ont pas eu à recevoir un amour tel que le tien. J’avais 20 ans lorsque tu disparus. Il me fallut un long morceau de vie pour te rendre l’hommage que je te devais, toi le père que je regardais du haut d’une adolescence arrogante et sans concession, afin que dans les gazettes et magazines de France on écrive enfin ton nom, André Simon, sans périphrase du genre « le père de l’auteur ». Et ce fut notre plus grand bonheur, à ma mère et à moi, de voir ainsi nommé l’homme ordinaire d’un temps ancien dont je m’étais mis à proclamer la grandeur.

Présenter son nouveau conjoint à sa famille

Un examen de passage

La peur de voir son nouveau conjoint rejeté par ses enfants est aujourd’hui chevillée au corps de chaque personne qui s’apprête à faire l’expérience de la recomposition familiale. Ont-ils digéré la séparation ? Vont-ils accepter cet homme ou cette femme ? Sont-ils prêts à cohabiter ? « Il y a chez les parents une attente de validation par leurs enfants de leurs choix amoureux, constate la psychologue Maryse Vaillant (1).
C’est un phénomène massif, qui traduit notre grande difficulté à être adulte. Quand on est père ou mère, il est important d’être à la fois libre et responsable de ses engagements. Mais ce qui se passe souvent, c’est que l’on y renonce pour se placer sous la tutelle de ses enfants ! »« Ce phénomène est, selon moi, une caractéristique de notre époque, et découle directement du non-respect de l’ordre des générations, ajoute la psychanalyste Sylviane Giampino (2). En faisant de leurs enfants leurs référents, les parents les placent en situation d’autorité sur eux. Un renversement très angoissant pour l’enfant : d’abord, parce qu’il ne peut pas savoir ce qui est bon pour son père ou sa mère ; ensuite, parce que lorsque sa parole a des effets dans la réalité, cela renforce son illusion de toute-puissance et nourrit son angoisse et sa culpabilité. »
Si les parents envisagent les présentations du nouveau conjoint comme un examen de passage, avec leurs enfants dans le rôle de jurés, c’est aussi, selon Alain Braconnier (3), psychiatre et psychanalyste, en raison d’un paradoxe bien contemporain. « Les adultes d’aujourd’hui pensent plus à leur épanouissement personnel que ceux d’autrefois. En même temps, ils se soucient davantage des répercussions de leurs choix sur la vie de leurs enfants. D’où le fait qu’ils soient extrêmement attentifs à tout ce qui peut chahuter ces derniers. D’autant qu’ils sont bien conscients qu’un divorce est toujours une blessure pour eux. » Alors comment passer au mieux l’épreuve de la première rencontre ? Trois spécialistes de la famille nous livrent leurs conseils.
  1. Maryse Vaillant, auteure de Récits de divan, propos de fauteuil (Albin Michel, 2007).
  2. Sylviane Giampino, auteure des Mères qui travaillent sont-elles coupables ? (Albin Michel, 2000).
  3. Alain Braconnier, auteur du Guide de l’adolescent (Odile Jacob, 2007).

Une famille recomposée, trois rôles différents

Le beau-parent
Désireux de faire bonne impression, il a parfois tendance à en faire trop. Mauvais calcul. Car, même si cette maladresse part toujours d’une bonne intention, les enfants, et plus encore les adolescents, disposent de vraies antennes pour détecter la gaieté forcée, le faux naturel, l’empathie exagérée. Le bon comportement à adopter ? Ni trop, ni trop peu. De questions, de familiarité, d’enthousiasme…
Le parent
Mieux vaut éviter de faire l’éloge de son nouveau partenaire, car l’enfant peut entendre ce discours comme une disqualification de son père ou de sa mère. Il suffit de lui donner le nom, la profession et la situation familiale (avec ou sans enfant) de son futur beau-parent.

Le moment pour en parler

L’annonce de l’arrivée d’une nouvelle personne dans la vie des enfants constitue toujours pour eux, et leurs parents ne l’oublient pas, une nouvelle source de perturbation. « Pour les adultes, l’après-divorce est une période transitoire. Mais pas pour les enfants, qui n’ont pas la même notion du temps et qui se sont installés dans cet “après” », précise Maryse Vaillant. Conscients de l’onde de choc que leur progéniture doit encaisser, pères et mères s’interrogent sur le meilleur timing. « On commence par leur dire simplement que l’on a rencontré quelqu’un d’important, sans aller plus avant dans la confidence. Les enfants ne doivent pas avoir fenêtre ouverte sur la vie intime de leurs parents, insiste la psychologue. On en dit davantage seulement lorsque le projet de vie commune se précise. »
Si un bon timing participe au confort émotionnel et au sentiment de sécurité de l’enfant, il ne faut pas oublier que cette notion est subjective. « La relation parent-enfant est vivante, elle ne fonctionne pas selon un quelconque mode d’emploi, on ne peut donc pas conseiller un moment idéal, assure Sylviane Giampino. Tout ce que l’on peut dire aux parents, c’est que tout changement intervenant dans la vie de leurs enfants doit être discuté, préparé et progressif. »
Quant à la manière d’aborder le sujet, il n’existe pas non plus de mode d’emploi. « Il y a surtout deux écueils à éviter, prévient Alain Braconnier : la solennité, car elle est angoissante et inutilement dramatique, et la désinvolture, à cause de laquelle l’enfant risque de ne pas se sentir respecté. En outre, il pourrait percevoir l’anxiété de son parent derrière ce qui peut n’être qu’une décontraction de façade. »

Les bons mots pour le dire

Si le souci de ménager les enfants est présent chez la plupart des parents, il n’évite toutefois pas les dérapages par excès de zèle. Frédéric, 38 ans, reconnaît en avoir « trop fait » en listant à sa fille de 8 ans toutes les qualités de Valérie, sa nouvelle compagne. « Elle m’a écouté sans rien dire et puis, tout à coup, m’a dit presque en pleurant : “Maman n’est pas nulle, elle aussi elle est drôle et gentille. En plus, elle fait de bons gâteaux roulés.” Je me serais giflé, ça m’a servi de leçon. »
Attention, donc, aux portraits trop flatteurs qui sont perçus par l’enfant comme une façon implicite de disqualifier l’autre parent. « Pour se construire, l’enfant a besoin d’avoir une bonne image de ses deux parents. C’est pourquoi il vaut mieux évoquer son nouveau partenaire avec pudeur et délicatesse. On gagne toujours à en dire moins que trop. D’accord pour dire son prénom et sa profession, mais on laisse les uns et les autres faire progressivement connaissance, sans exercer de pression pour forcer la sympathie », conseille Alain Braconnier, qui précise également que les projets de vie (cohabitation, déménagement, partage de chambre…) ne seront évoqués que s’ils sont bien avancés, afin de laisser l’enfant ou l’adolescent digérer l’information à son rythme.

Les meilleurs endroits pour les présentations

Une autre question stratégique taraude les parents : où faire les présentations?? La plupart d’entre eux misent beaucoup sur le « bon lieu » afin d’aplanir les difficultés. En réalité, pour Sylviane Giampino, Maryse Vaillant et Alain Braconnier, l’essentiel est de laisser de l’espace à l’enfant. Un repas au restaurant, un goûter dans le salon familial, une promenade en forêt, pourquoi pas ? Tout est envisageable, à condition que l’enfant puisse échapper quand il le désire au regard anxieux ou scrutateur des adultes. Les enfants, et peut-être plus encore les adolescents, disposent de véritables antennes pour détecter le faux naturel, la fausse gaieté ainsi que toutes les manœuvres de séduction pour se faire accepter.
Certains parents attendent les vacances d’été, quand la maison familiale ouvre ses portes et que le va et vient des uns et des autres rend l’ambiance plus légère. Est-ce le moment pour annoncer l’élargissement de la famille ? « C’est une bonne idée de profiter de cette période où l’on a du temps pour soi et pour les autres, constate Maryse Vaillant. Mais attention : on ne présente pas son nouveau conjoint à la table du petit déjeuner après avoir passé la nuit avec lui, et l’on n’impose pas sa présence pendant toute la durée des vacances sous prétexte de mieux faire connaissance. »
Cette mise en garde sonne comme une évidence, mais on l’oublie parfois, tant le souci de se déculpabiliser et de banaliser l’événement peut l’emporter sur le bon sens.

Pourquoi les enfants font de la résistance

Faut-il présenter son nouveau partenaire à l’ancien ?

Certains parents estiment qu’il est de leur droit de faire la connaissance de la personne qui va vivre avec leur enfant au quotidien ou seulement un week-end sur deux. Un souhait qu’il est possible de satisfaire sans que cela comporte de risques pour l’enfant, « à condition que trois critères soient satisfaits », nuance toutefois la psychologue Maryse Vaillant.
- La relation entre les ex-conjoints doit être apaisée, sinon le nouveau partenaire constituera un nouveau motif de conflit.
- La rencontre ne s’impose vraiment que lorsque les deux adultes ont à se rencontrer dans des situations qui impliquent la présence de l’enfant (retour de week-end, de vacances, etc.). Sinon, l’enfant peut interpréter cette présentation comme un examen de passage, ce qui dévalorise le parent qui a refait sa vie.
- Le parent ne doit jamais communiquer à son enfant l’impression que lui a faite le nouveau partenaire de son ex-conjoint. Cela afin que l’enfant puisse tisser une relation saine avec son beau-parent sans adopter le point de vue de son père ou de sa mère.

Rencontre : les pièges du coup de foudre



Quand Pierre a croisé Sylvie, ni lui ni elle ne cherchait l’amour. Du moins en étaient-ils persuadés. Il venait d’aménager son loft et comptait profiter de sa somptueuse garçonnière ; elle s’apprêtait à partir étudier en Californie pour trois ans. Ce soir-là, elle organisait une fête pour son départ. Il débarqua chez elle au bras d’une vague conquête, le choc ! " L’attirance que j’ai éprouvée pour Sylvie était si violente que j’en ai eu peur, se souvient Pierre. Je ne voulais pas y croire, je me mentais à moi-même parce que ce coup de foudre dérangeait ma tranquillité ! J’ai quitté la soirée, persuadé d’en rester là, mais le lendemain matin sa présence me manquait déjà. Je l’ai appelée. " Même révélation chez Sylvie : " Dès que j’ai aperçu Pierre, j’ai été hypnotisée. J’ai su que mon destin se jouait en cet instant précis, qu’il était la mystérieuse pièce du puzzle qui manquait à mon bonheur. Quand il m’a téléphoné, j’ai pris la décision totalement folle d’annuler mon départ. Je ne l’ai jamais regrettée. "
Des coups de foudre, il en existe des milliers. Tous racontent la même chose. Une rencontre soudaine et violente qui projette les amoureux sur une autre planète où émotions, sensations et désir sont à leur paroxysme. En quoi ce type de rencontre est-il différent des autres ? Peut-il déboucher sur une relation durable ? Marie-Noëlle Schurmans et Loraine Dominicé, sociologues, Alain Delourme, docteur en psychologie, et Elsa Cayat, médecin psychiatre et psychanalyste, nous invitent à en comprendre les mécanismes pour mieux en déjouer les pièges.

Il ou elle est déifié(e)

Le coup de foudre est un amour d’emblée entier qui remet en cause l’existence même des êtres qu’il frappe. Comme envoûtés, ils ne suivent plus les étapes normales du processus d’intimisation et de la connaissance de l’autre, propres à la naissance classique d’une relation.
L’effet de surprise court-circuite la réflexion et sidère la pensée. " C’est comme un choc physique, raconte Séverine. Un coup sur la tête qui change les couleurs, les formes. On ne contrôle plus rien, on est propulsé sur orbite sans cesser de tourner. " En un instant, les amoureux se sentent seuls au monde, sans repères. Une brûlure intense – une merveilleuse douleur – les consume. " Love at first sight ", disent les Anglo-Saxons : " l’amour au premier regard ", le bonheur à l’état pur. " C’est un mélange d’aspects fascinants et effrayants, une mise en magie du destin, un brusque condensé des rapports de la vie et de la mort ", comme le définissent Marie-Noëlle Schurmans et Loraine Dominicé. Cet élan fusionnel repose sur un ensemble de désirs satisfaits simultanément : complicité, humour, sensualité, sexualité.
D’où une " complétude " absolue. " C’est aussi un choc “spéculaire” ", précise Alain Delourme. C’est-à-dire qu’inconsciemment chacun des partenaires croit se trouver en relation avec un autre lui-même, un jumeau, une image idéale de lui. Mais le coup de foudre n’est pas qu’un tête-à-tête narcissique, c’est aussi une rencontre paroxystique pendant laquelle " l’autre nous touche car, soudainement, il nous apporte ce qui nous manque. Et comme nous n’en avons pas conscience, cet autre est déifié ", souligne Elsa Cayat.

Ça n’arrive pas qu’aux autres

Personne n’est à l’abri. La foudre peut frapper n’importe qui, n’importe quand. Et, le plus souvent, elle tombe sur ceux qui s’y attendent le moins. Ils en sont si surpris qu’ils subissent de plein fouet ce qu’ils croient être " le " grand amour. Penser que ça n’arrive qu’aux autres est une erreur qui peut coûter très cher. Pris dans une déferlante amoureuse, certains sont prêts à tout lâcher sur un coup de tête, quitter mari ou femme, enfants, travail. S’y attendre incite à plus de prudence, à mieux comprendre qu’il peut s’agir d’une crise, sans prendre immédiatement des décisions radicales.
Il n’existe pas de prédispositions au coup de foudre. Mais il est vrai, toutefois, que certaines personnes s’engouffrent volontiers dans des conduites adolescentes avec, pour modèles, des personnages de contes de fées. Elles croient que le véritable amour doit fatalement commencer par cet envoûtement immédiat, puis croître dans une parfaite harmonie sexuelle et mentale, pour disparaître à la première déception. Une illusion que médias et cinéma favorisent en exposant sans cesse des amours de starlettes aussi brèves que fréquentes. L’amour en reste à ses débuts romantiques faits d’attirances sensuelles et de satisfactions narcissiques.

Le danger de la réciprocité imaginaire

Ce " miracle de l’amour ", ce rêve d’accord parfait, n’est pas seulement la naissance d’un lien, c’est aussi celle d’une aliénation. La confrontation irrémédiable avec la réalité n’en sera que plus brutale. Car toute rencontre amoureuse connaît l’étape nécessaire et douloureuse de la fin de la " lune de miel ". Mais, dans le coup de foudre, la prise de conscience de l’illusion est particulièrement difficile. En effet, ne sommes-nous pas persuadés qu’il s’agit d’un amour sacré, béni des dieux, reposant sur des bases solides car signe d’un destin infaillible ?
Attention ! Le piège de l’illusion peut conduire dans un autre piège, celui de la réciprocité imaginaire. En effet, dans bien des cas, cet attachement vertigineux n’est pas partagé. " S’accrocher désespérément à un être qui n’éprouve pas les mêmes sentiments peut conduire à l’érotomanie, cette forme de psychose passionnelle fondée sur l’illusion délirante d’être aimé ", prévient Elsa Cayat. Par ailleurs, avec cette perception d’amour total et absolu, les attaches du passé semblent fades et sans valeurs. Aussi, quand disparaît l’illusion du coup du foudre, les amoureux déçus ont-ils le sentiment d’avoir raté leur vie. Cependant, que cette rencontre se solde par une rupture rapide n’est pas nécessairement plus douloureux que dans d’autres relations. Plus fulgurante, la passion n’a pas avancé dans la maturité de l’amour, le partage du quotidien avec un projet de vie commun. Ne résistant pas à la vie " ordinaire " de " gens ordinaires ", le feu s’éteint aussi vite qu’il s’est allumé.

Une seconde rencontre s’impose

" Le coup de foudre induit forcément une crise, mais celle-ci n’est pas toujours fatale, reconnaît Alain Delourme. D’ailleurs, beaucoup de belles et longues histoires d’amour commencent ainsi. Leur continuité tient au fait qu’elles se sont accompagnées d’un travail de distanciation nécessaire à toute rencontre, encore plus lorsqu’il s’agit d’un coup de foudre. " L’image du partenaire ayant été surinvestie, il faut être capable d’entrer en relation avec la vraie personne : c’est-à-dire avec quelqu’un d’autre. Alors seulement, une vie de couple peut commencer. Mais à condition que chacun prenne en charge sa propre problématique : pourquoi ce coup de foudre a-t-il eu lieu ? Pourquoi l’autre prend-il tant de place ? Des questions valables d’ailleurs pour n’importe quelle rencontre amoureuse. Inconsciemment, la personne que nous aimons a été placée en position d’objet que l’on a peur de perdre. " Mais, dans le coup de foudre, cette peur prend aussi – paradoxalement – la forme d’un désir car un amour si fort est trop lourd à porter ", observe Elsa Cayat. Prochaine étape donc : une seconde rencontre du même partenaire.

Les rabbins marieurs reprennent du service

Retour de l’orthodoxie aidant, plutôt que d’attendre un hypothétique coup de foudre, de plus en plus de jeunes juifs religieux passent par leur rabbin pour trouver l’âme sœur. Leur règle de vie interdisant tout rapport de séduction, ils préfèrent renouer avec cette tradition ancestrale quelque peu oubliée par leurs parents. La procédure ne laisse aucune place au hasard : le rabbin propose des rencontres arrangées en tenant compte des envies et affinités de chacun, mais aussi du niveau social et intellectuel des familles.
Dans un endroit public, cinq rencontres de cinq heures chacunes sont alors organisées entre les deux partis. Le refus est toujours possible, mais la plupart des couples ainsi formés ne tardent pas à échanger leurs engagements. " Mon fils a refusé deux jeunes femmes, la troisième a été la bonne, explique Annie Ammar. Mariés trois mois après leur première rencontre, ils forment un couple exemplaire. Très amoureux, ils ont trois enfants et nos rapports avec la belle-famille sont exceptionnels. " Un conte de fées… ou presque.

vendredi 13 juillet 2012

La jeunesse et ses problemes

Les problemes, dont les jeunes parlent, auxquels ils s´intéressent, sont nombreux : la vie de tous les jours, les études, la facon de passer leur temps libre, les projets d´avenir, les relations entre les garcons et les filles, les relations entre parents et leurs enfants etc.
C´est tres connu que les relations entre parents et leurs jeunes enfants sont tres agitées. C´est a cause de la présence des hormones, qui changent les corps des enfants en les corps adultes. Alors ils sont tres importants et les parents doivent etre tres patients. C´est le temps des disputes, parce que les jeunes commence penser de soi-meme, creer leurs propres opinions. Ils veulent souvent sortir avec leurs amis, ils portent les vetements qu´ils trouvent beaux, ils vivent de sa facon etc. Mais les parents ne sont pas d´accord. Ils veulent préserver leurs enfants de tout mal. Ce sont les problemes de generations, l´éternel probleme.
Une autre probleme, c´est le choix d´une profession et alors le choix de l´école ou l´universitaire. Pour quelqu´un ce n´est pas difficile de choisir, mais y etre admis c´est difficile pour tous. Si on n´est pas admit, on commence travailler, mais ce serait problématique a cause du chomage augmenté. Alors beaucoup de jeunes partent a l´étranger pour apprendre la lanque, obtenir les experiences, gagner de l´argent etc. Les hommes, le plus, ils doivent passer un an et demie au service militaire, mais dans quelques ans ce sera passé.
Les relations entre les garcons et les filles ont beaucoup changé ces trente derniéres années. La mixité s´est généralisée dans les écoles, et la révolution sexuelle y est entrée.L´image de chaque sexe s´est modifiée aux yeux de l´autre. On a l´habitude de sortir ensemble en groupes, entre copains, filles et garcons, et les rapports sont tres libres. La galanterie traditionnelle est oubliée. Chacun paye sa part, une fille peut inviter un garcon. Le garcon ne laisse plus forcement passer la fille la premiere pour entrer et ne l´aide pas systématiquement a revetir son manteau. L´éducation des garcons et des filles, se rapprochent de plus en plus – par exemple les coiffures unisexe, les vetements. L´apparition du sida dans nos sociétés a limité la liberté des pratiques sexuelles.
Un autre problem, qui est tres actuel, c´est la droque. Ce sont les jeunes, qui se droquent le plus et surtout dans les villes, parce qu´il y a plus de places ou on peut l´acheter.

Pourquoi les jeunes? Parce que dans les vies courantes ils ne sont pas contents et ils désirent les impressions extraordinaires. Et la droque les donne et offre les solutions faciles. Mais pas pour tout le temps. L´abandon tardif de la droque et alors la toxicomanie, ce n´est pas le danger unique, ce sont encore les maladies comme le sida ou la jaunisse.